Conte : Là où est l’amour, là est Dieu de Léon Tolstoï

oct. 20, 2013 0 comments



Conte : " Là où est l’amour, là est Dieu " de Léon Tolstoï.

Traduit du russe par E. Halperine-Kaminsky.

Vocabulaire

- traktir : taverne où l’on boit surtout du thé.
- stchi : espèce de potage aux choux.
- dvornik : concierge.
- valenki : bottes de feutre.
- poddiovka : caftan de dessous
- gorodovoï : sergent de ville

Lire le conte

Il y avait dans une ville un savetier appelé Martin Avdiéitch. Il occupait dans un sous-sol une pièce éclairée d’une fenêtre. La fenêtre donnait sur la rue ; on voyait passer le monde, et, bien qu’il n’aperçût que leurs pieds, Martin reconnaissait les gens à leurs bottes.

Il vivait là depuis longtemps, et connaissait beaucoup de monde. Il était rare qu’une paire de bottes ne lui passât pas une fois ou deux entre les mains. Il ressemelait les unes, rapiéçait les autres ; parfois il renouvelait les empeignes. Et souvent il voyait à travers la fenêtre l’œuvre de ses doigts.
Avdiéitch avait beaucoup d’ouvrage, car il travaillait proprement, fournissait de la bonne marchandise, ne surfaisait personne et livrait au jour dit. Et tous l’appréciaient et la besogne ne chômait jamais.

De tout temps, Avdiéitch s’était montré un brave garçon. Mais, en prenant de l’âge, il se mit à songer davantage à son âme et à se rapprocher de Dieu. Alors qu’il travaillait encore chez son patron, sa femme était morte, lui laissant un petit garçon de trois ans.
Ses enfants ne vivaient pas. Les aînés, il les avait tous perdus. Il voulut d’abord envoyer son fils à la campagne, chez sa sœur ; puis il eut pitié et pensa :

– Il lui serait trop dur, à mon Kapitochka, de vivre dans une famille étrangère. Je veux le garder avec moi.

Et Avdiéitch quitta son patron et s’établit à son compte avec son fils. Mais Dieu ne bénit pas Martin dans ses enfants. Comme il commençait à grandir et à aider son père, Kapitochka tomba malade : il dépérit pendant une semaine et mourut.

Avdiéitch ensevelit son enfant et désespéra de tout. Il était si désolé qu’il se prit à murmurer contre Dieu. Il se sentait si malheureux, Martin, qu’il demandait souvent la mort au Seigneur, lui reprochant de ne pas l’avoir pris, lui, un vieillard, à la place de son fils unique et adoré. Il cessa même de fréquenter l’église.

Voici qu’un jour, vers la Pentecôte, arriva chez Avdiéitch un vieux pèlerin en marche depuis huit ans. Ils causèrent, et Martin se plaignit amèrement de ses malheurs.

– Je n’ai plus même envie de vivre, homme de Dieu, disait-il. Je ne demande qu’à mourir. C’est tout ce que j’implore de Dieu. Je n’ai maintenant plus d’espérance.

Et le pèlerin lui répondit :
– Ce n’est pas bien de parler ainsi, Martin. Il ne nous appartient pas de juger ce que Dieu a fait, c’est au-dessus de notre intelligence. Dieu seul est juge de ce qu’il fait. Il a décidé que ton fils mourrait, et que toi tu vivrais : c’est que cela vaut mieux ainsi. Et ton désespoir vient de ce que tu veux vivre pour toi, pour ton propre bonheur.

– Et pourquoi vit-on ? demanda Avdiéitch.Et le vieux dit :

– C’est pour Dieu qu’il faut vivre. C’est lui qui te donne la vie, c’est pour lui que tu dois vivre. Quand tu commenceras à vivre pour lui, tu n’auras plus de chagrin, et tu supporteras tout facilement.

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« J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez accueilli. »
« Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (S. Matthieu, XXV)


 

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